Au conseil municipal, l’intérêt des Grenoblois était aux abonnés absents
- Retrouver Grenoble
- 13 nov. 2024
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Du Débat d’orientation budgétaire au Rapport de la Mission Information et évaluation en passant par la remise en cause de l’accord local, la municipalité s’enfonce dans l’isolement, s’exonère de ses responsabilités et oublie l’intérêt des Grenoblois.
Parmi les premières délibérations à l’ordre du jour de la séance du conseil municipal du 4 novembre figurait le « DOB », ou Débat d’orientation budgétaire. Pour rappel ce moment fondateur de la préparation du budget pour une collectivité est censé apporter aux élus de la ville toutes les informations nécessaires en prévision du vote du budget définitif. Las ! L’édito du document, dont l’ensemble des pages étaient barrées d’un « Hors mesures Barnier », donne la couleur : « En l’état, ce serait plus de 12M€ qui pourraient être retirés de notre budget. Cette somme énorme nous oblige à poser la question : que devons-nous sacrifier ? »
Oui, le budget 2025 proposé par le gouvernement Barnier est délétère pour les collectivités territoriales, pour leurs projets d’investissement et pour la vie locale. Oui, la colère des élus locaux est légitime contre cette ponction supplémentaire. Face à cette situation, la municipalité a fait le choix de porter des œillères en proposant au débat un document d’orientation ne prenant aucunement en compte cette contribution plus que probable des collectivités territoriales. Dès lors, on peut s’interroger : pourquoi ne pas proposer dès aujourd’hui un scénario budgétaire alternatif intégrant ce prélèvement attendu ? De nouveau, la municipalité fait le choix de la politique de l’autruche.
Au gré des pages du DOB, malgré son insincérité, nous découvrons pêlemêle :
- L’augmentation significative des dépenses de personnel entre 2021 (138,5M€) et le prévisionnel 2025 (162,40M€), alors même que les Grenoblois constatent au quotidien la dégradation du service public face au manque de moyens mis en œuvre ;
- Des dépenses de fonctionnement qui devraient osciller entre 289,2M€ et 294M€ soit son plus haut niveau depuis 2014 ;
- 44M€ d’augmentation de taxes foncières et pour quoi ? Apparemment pour payer des frais de fonctionnement abyssaux, les investissements se limitant à une revalorisation de dossiers déjà vus et revus ;
- Des investissements supportés à 30% par le recours à de nouveaux emprunts, avec un encours de la dette qui atteindrait 283M€ soit près de 1.800€/hab, dépassant pour la première fois la moyenne nationale des villes de plus de 100.000 habitants ;
- Un encours prévisionnel de la dette qui dépasserait le seuil symbolique des 300M€ en 2027, laissant une situation budgétaire extrêmement dégradée post-2026 avec une annuité de la dette croissante.
Au sortir de la lecture du DOB et des débats – parfois lunaires – lors du conseil municipal, laisse apparaître un exécutif qui se dédouane de ses responsabilités préférant mettre en scène son opposition frontale à l’Etat comme aux autres collectivités territoriales, particulièrement Grenoble-Alpes Métropole, alors même qu’il serait préférable de mener une réflexion prospective pour l’avenir de ses habitants, de l’attractivité de la ville. Au lieu de faire front commun avec les autres communes de la métropole, plutôt que d’accepter de dialoguer avec ceux qui devraient compter parmi ses partenaires, la municipalité préfère s’opposer frontalement à la métropole, ainsi qu’aux 9 communes bénéficiant jusqu’à présent de l’accord local. Encore une fois, ce sont les Grenoblois qui en paieront le prix, par l’effet ciseau du manque de travail de fond des élus de l’exécutif municipal et de leur incapacité à œuvrer en bonne intelligence avec les autres collectivités locales.
« Compter ce qui compte vraiment » si l’exécutif Grenoblois avait voulu s’approprier concrètement ce vœu pieux issu document de Débat d’orientation budgétaire, il devrait commencer par écouter les grenoblois, à écouter ceux qui se sentent chaque jour un peu plus délaissés, à écouter ceux qui attendent désespérément une réponse à leurs problématiques quotidiennes.